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PITHIVIERS

ET LA RAFLE DU BILLET VERT



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< 1942

2015 >



Le camp de Pithiviers se situe à proximité immédiate de la gare et d’une caserne, à côté de la sucrerie de Pithiviers-le-Vieil. Des bâtiments en maçonnerie abritent les services administratifs et médicaux. Le camp est conçu pour 2.000 internés maximum. 17 baraques sont prévues pour leur logement, sur une surface de 3 hectares environ.

Tout comme celui de Beaune-la-Rolande, le camp de Pithiviers est la concrétisation de la politique antisémite et de collaboration engagée par le régime de Vichy dès son arrivée au pouvoir. 


Le choix de cette petite ville du Loiret est dû à sa proximité avec Paris, à une bonne accessibilité par le chemin de fer, à la possibilité de trouver sur place du ravitaillement et à la présence d’installations sécurisées (barbelés, miradors) qui ont déjà hébergé des prisonniers de guerre français, transférés depuis en Allemagne.



Aux mois de juin et juillet 1942, la quasi-totalité des internés est déportée. Trois convois partent directement vers Auschwitz : le 25 juin et le 17 juillet 1942 de Pithiviers, le 28 juin de Beaune-La-Rolande.

Après la rafle du Vel d’Hiv, entre le 19 et le 22 juillet 1942, près de 8 000 personnes – parmi lesquelles plus de 4 000 enfants, souvent très jeunes-, sont transférées dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, conçus pour en accueillir moitié moins.

Pourtant prévenue de l’arrivée de milliers de personnes, l’administration des camps n’a rien prévu, ni pour l’hébergement ni pour l’alimentation, en particulier pour de très jeunes enfants. La pagaille est extrême. Tout manque : nourriture, médicaments, couvertures, vêtements.




Nombre de femmes et d’enfants sont installés sur de la paille posée à même le sol. A Pithiviers, dès le 20 juillet, les baraques sont saturées. Le 21, ce sont plus de 2 000 personnes supplémentaires qui arrivent : elles sont entassées dans un hangar réquisitionné. La situation sanitaire est catastrophique. Des épidémies se déclarent. Faute des soins nécessaires, plusieurs enfants meurent.

 

Dès le 17 juillet, l’administration française a exprimé "le souhait de voir les convois à destination du Reich inclure également les enfants". Or, à cette période, les nazis ne réclament que les adolescents de plus de 15 ans. En attendant l’autorisation de Berlin pour déporter les enfants, il est envisagé de les séparer de leurs parents, qui doivent être déportés dans les jours qui suivent. C’est finalement ce qui se produit fin juillet dans les camps d'internement du Loiret.

 

Fin juillet, la décision est prise de déporter les adultes, pour compléter l’effectif des convois prévu lors des accords franco-allemands. Brutalement séparés de leurs enfants les plus jeunes, les mères et les grands adolescents sont alors massivement déportés par 4 convois partant directement des gares de Pithiviers et Beaune-la-Rolande vers Auschwitz, du 31 juillet au 7 août (convois 13 à 16). Les enfants restent seuls, livrés à une détresse absolue, matérielle et psychique.

 

Le 13 août, l’accord écrit pour la déportation des enfants arrive de Berlin. Entre le 15 et le 25 août, les enfants sont transférés à Drancy , d’où ils sont déportés à Auschwitz-Birkenau, majoritairement par les convois 20 à 26 (du 17 au 28 août 1942). Les autres partiront un peu plus tard, notamment le 21 septembre par le convoi 35, depuis la gare de Pithiviers (la plus jeune a 2 ans).

 

On estime que 16 000 à 18 000 Juifs ont été internés dans ces deux camps, certains pendant plus d’une année, d’autres pour quelques jours. Internés avant d’être déportés et de disparaître, assassinés dans les camps d’extermination d’Auschwitz et, pour quelques-uns, de Sobibor.

 

4.700 enfants ont été internés dans ces deux camps entre juin 1942 et juillet 1943. 4 400 ont été déportés et assassinés. 26 adolescents ont survécu. 3 enfants sont morts à Bergen-Belsen, 15 en sont revenus. 14 enfants sont morts dans les camps de Beaune-la-Rolande, Pithiviers et Drancy.

L’histoire des camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande sont intimement liés. En mai 1941, à Paris, des milliers de Juifs étrangers reçoivent une convocation, appelée le "billet vert", dans laquelle ils sont "invités à se présenter", le 14 mai, dans divers lieux de rassemblement. Persuadés qu’il s’agit d’une simple formalité, beaucoup s’y rendent. C’est ainsi que 3.700 Juifs sont arrêtés dans la région parisienne. C’est la "rafle du billet vert".

 

Conduits à la gare d’Austerlitz en autobus, ils sont transférés le jour même en train vers le Loiret. 1 700 d’entre eux sont internés à Pithiviers, 2 000 à Beaune-la-Rolande.

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DÉPORTATION : QUE RESTE-T- IL DES CAMPS FRANÇAIS  ? 

Le camp est conçu pour 2.000 internés maximum. 17 baraques sont prévues pour leur logement, sur une surface de 3 hectares environ.  (Source - Fonds Diamant/Cercil-Musée Mémorial des enfants du Vel d’Hiv)

Vue générale du camp non datée. Prise depuis le Silo. Source - Collection Musée de la Résistance nationale-Champigny sur Marne 

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Dans le cadre des célébrations du 70ème anniversaire de la libération des camps de concentration nazis, le musée de la Résistance nationale de Champigny propose une nouvelle exposition intitulée "Faire face à l’enfer". Visible jusqu'au 31 août.

Un devoir d’histoire et un travail de mémoire


L’histoire singulière des camps d’internement de Beaune-la-Rolande, Pithiviers et Jargeau, dont le rôle essentiel dans la déportation des Juifs de France, et l’internement des Tsiganes a longtemps été méconnu.



Si on peut avoir l’impression qu’il ne reste rien aujourd’hui du camp de Pithiviers, le site où se dressaient jadis les baraquements, est toujours chargé de symboles. Grâce au travail du Cercil, créé en 1992, et aux élèves de BTS géomètre du lycée Gaudier Brezska, dans le Loiret, un travail considérable de recherche et de préservation a pu être fait.



Les lycéens  ont effectué des relevés permettant de situer à 6 cm près, les limites du camp, ainsi que l’emplacement de chacun des éléments constitutifs de ce camp : baraques, cuisines, atelier, chemin d’accès, mirador, clôture d’enceinte. 


C’est en travaillant sur le terrain avec les habitants, avec les témoins, que peu à peu l’équipe du Cercil a reconstitué l’histoire du camp de Pithiviers, mais a aussi retrouvé les traces bien visibles encore présents sur les lieux.

Régulièrement, habitants du département, touristes, groupes, participent à la découverte de ces lieux, antichambres de la déportation.