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DRANCY



L'ANTI-CHAMBRE

DE LA MORT

La cité de la Muette. La cité de la Muette, construite dans les années 1930 et qui a servi de camp dès 1941, est aujourd’hui habitée. 

(Crédit : FREDERICK FLORIN / AFP)

A partir de 1943, la gare de Bobigny est le point de départ vers les camps de la mort pour 22.500 personnes ayant transitées à Drancy. Quand elle est choisie par les nazis, elle n'est alors plus fréquentée par les voyageurs. (crédit : BORIS HORVAT / AFP)



Rien ne destinait la cité de la Muette

à devenir le plus grand camp de transit français de la seconde guerre mondiale. En 1940, les Allemands, nouveaux maîtres de Paris, se servent de cette cité en forme de U dont le chantier a été interrompu, pour y installer des soldats français faits prisonniers, puis, pour y interner des juifs. Si à sa tête se succède l'administration française, puis, une direction nazie à partir de juin 1943, le camp, lui a été gardé tout le long de la guerre par des gendarmes français.


Des nuits passées à même le béton, 60 par chambrées, pas de douche et 20 robinets pour des milliers de détenus… les conditions de vie sont dures pour les premiers arrivés. Et à partir de 1942, les déportations commencent à rythmer le quotidien, au nombre de trois par semaine. L'absence d'informations stimule les rumeurs et angoisse les détenus. Si certains juifs étrangers pensent qu'on va les rapatrier dans leurs pays, d'autres qui ne supportent pas l'inconnu de leur destinée ou la séparation d'avec leurs proches, se suicident par defénestration.


La veille du départ d'un convoi, les détenus "déportables" sont dépouillés, après fouille, de tous leurs biens. A l'aube, des autobus les amènent en gare de Bobigny ou du Bourget. Ils sont alors entassés dans des wagons à bestiaux qui sont scellés et qui prennent la direction des camps d'extermination d'Allemagne ou de Pologne.


Le camp de Drancy, qui a accueillie par moment 7.000 détenus pour une capacité de 5.000, a vu passé 80 à 90% des juifs déportés à partir de l'Hexagone, soit 80.000 personnes. Le 18 août 1944, alors que les Alliés amorcent leur arrivée dans la capitale, des membres de la Croix-Rouge sont dépêchés au camp de Drancy où ils libèrent 1.467 détenus.

détenus.

Alors que la capacité maximale du camp était de 5.000 personnes, en 1942, jusqu'à 7.000 personnes y sont détenues dans des conditions sanitaires déplorables. Photos de déportés (crédit : AFP)

Une cérémonie dès 1946, l'oubli puis la renaissance





Les associations mémorielles portées en partie par d'anciens déportés organisent dès 1946 une cérémonie sur place. Mais en 1948, les lieux reprennent leurs droits. Le camp de Drancy redevient la cité de la Muette et des habitants s'installent dans ses logements bons marchés. Alors que la cérémonie déménage à Paris, à la synagogue de la rue de la Victoire, à Drancy, la mémoire du camp s'estompe beaucoup. "Les gens voulaient tourner la page et il y avait encore peu de témoignages", rappelle Philippe Allouche, directeur général de la Fondation pour la mémoire de la Shoah. Et "si les déportés qui ont survécu aux camps, ont parlé juste après la guerre", leur message n'a pas été entendu "à sa juste valeur". Mais par la suite, nombre d'entre eux se sont tus". A Drancy, par conséquent, les habitants ne savaient pas forcément ce qui s'était déroulé à la cité de la Muette.


Il faut attendre 1976 pour que l'ancien site du camp reçoive un premier monument de mémoire. Puis, en 1988, la cour de l'ancien camp reçoit un wagon, du même modèle que ceux utilisés pour la déportation, donné par la SNCF. Dans les deux cas, aux manettes se sont activés la mairie de Drancy, le département de Seine-Saint-Denis, des associations d'anciens déportés et la communauté juive. Enfin, en 2012, c'est un musée, le Mémorial de la Shoah à Drancy, qui ouvre ses portes, à proximité de l'ancien camp.


Une mémoire qui peut se construire grâce aux anciens déportés, estime Philippe Allouche. Ces survivants "ont voulu se reconstruire après la guerre en fondant une famille, en trouvant leur place dans la société", explique-t-il. "Le temps passant et face aux paroles négationnistes, beaucoup se sont retournés vers leur passé et ont voulu transmettre leur histoire".

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DÉPORTATION : QUE RESTE-T--IL DE CAMPS FRANCAIS  ?